Bienvenue à l’hôtel Anderson.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Nous attendons depuis un petit moment ce mercredi 26 février pour avoir le bonheur de vous proposer de passer deux heures en très bonne compagnie au Grand Budapest Hotel. Wes Anderson, dont nous suivrons aussi un mini cycle, a réuni un casting hallucinant dans ce palace suranné de la Mittle Europa. Ralph Fiennes, alias l’impeccable Monsieur Gustave, y mène un bal fantasque, délicat et abracadabrant. Nous attendons aussi le lendemain, jeudi 27, un Ciné-Club Louis Lumière royal. En compagnie du chef-opérateur Gérard Simon, nous verrons Le Roi Danse, film en costumes de Gérard Corbiau. Quant au Loup, il gambade toujours à Wall Street, et Django revient encore plus Unchained.
Même si l’on brûle d’envie de vous parler d’Anderson, commençons par notre événement. D’autant que nous sommes ravis de recevoir Gérard Simon ce jeudi à 20h. Spécialiste du cinéma d’époque aux lueurs délicates, Gérard est l’un des rares Directeurs de la Photo à avoir éclairé deux films sur Louis XIV. Après Louis L’enfant Roi de Planchon, il assure la lumière du Roi Danse en 2000. Benoît Magimel prête son physique à celui du jeune roi, qui prend essor et assurance grâce à la musique de Lully. C’est de la relation de ses deux-là dont parle Corbiau dans ce film historique, servi par une lumière magnifique. Notre invité nous en livrera les secrets avant de poursuivre l’échange autour d’un verre.
Quel drôle de zozo que ce Wes Anderson dont The Grand Budapest Hotel sort cette semaine. Avec ses longs cheveux filasses, ses cravates vintages et ses yeux rêveurs, il ne ressemble pas tellement au cliché du Texan. Pourtant, c’est bien à Houston qu’il est né il y a bientôt 45 ans. Si pour la plupart des gens, c’est l’âge de la maturité, pour Wes, c’est celui de l’éternel enfant qu’il entend demeurer. Pendant ses études de philosophie, il tâte au Super 8 (quelle merveilleuse école c’était que cette petite pellicule) et suit un cours d’écriture de scénarios. Ce sera sa seule formation pour se lancer, en autodidacte, dans la réalisation d’un premier court métrage, Bottle Rocket, qui deviendra un long. Avec son pote Owen Wilson, rencontré sur les bancs de l’université, il poursuit avec Rushmore, puis La Famille Tenenbaum, son premier grand succès, confirmé par La Vie Aquatique. Owen Wilson est de tous ses films, et interprète l’un des trois frères qui embarquent A Bord du Darjeeling Limited rechercher leur histoire et leur mère dans l’Inde profonde. Anderson fait un détour par l’animation en adaptant Roald Dahl et son Fantastic Mister Fox, auquel Georges Clooney prête sa voix entre deux cafés, puis revient à la prise de vue d’une minutie d’horloger avec Moonrise Kingdom.
Pour son dernier film, The Grand Budapest Hotel, Wes Anderson a convoqué la plupart de ses amis acteurs. Autour du concierge Ralph Fiennes, on trouve évidemment Owen Wilson, mais aussi Tilda Swinton, Adrian Brody, Willem Dafoe, Harvey Keitel, Bill Murray, Edward Norton, Jason Schwartzman, Jude Law et, petit cocorico, Mathieu Amalric et Léa Seydoux. Chacun y donne une partition millimétrée et souvent délirante. On ne va pas se risquer à vous raconter l’histoire (les histoires) de ce palace d’Europe Centrale sur lequel Monsieur Gustave règne en maître, soucieux de transmettre son savoir faire au jeune groom Mustapha. Le film navigue entre les époques, les personnages, les intrigues et les quiproquos. Il est question de tableaux, de riches veuves, d’héritage, et bien sûr d’amour. Entre deux clients totalement improbables qui se cherchent ou s’évitent, débarquent des nazis aussi farfelus que les communistes sont fantaisistes. The Grand Budapest Hotel est un ballet réglé au cordeau et, pour conclure, citons le formidable François Forestier dans le Nouvel Observateur : « baroque, drôle et régalant ; c’est Stefan Sweig au pays des Pieds Nickelés ». On adore la formule !
Sachez encore que notre salle est l’une des dernières à projeter Le Loup de Wall Street, avec un Léo DiCaprio au sommet de son art pour donner vie à la bassesse de la finance que Scorsese dénonce, et que vous pourrez y revoir Django Unchained, le western spaguetto-délirant de Quentin Tarantino qui fit la joie de notre programmation de l’année dernière. Terminons avec l’Enfance de l’Art. Elle suit le Fleuve, que Jean Renoir a tourné en 1951 en Amérique et au bord du Gange.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action