Ave César.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Rendons à César ce qui appartient aux Coen, leur dernier film, Ave César !, est une pure merveille. Il sort ce mercredi sur nos écrans, et vous allez vous régaler. Mais les deux semaines qui viennent (ce sont les vacances !) sont également riches en films – le Steve Jobs de Danny Boyle, The Thing et un Cycle John Carpenter – et en événements, avec tous nos ciné-clubs. On commence jeudi avec celui des Ecoles où René Marx nous présentera Prima della Rivoluzione de Bertolucci, on enchaîne mardi avec un Ciné-Club Positif autour de Babel, d’Inárritu, avec Emmanuel Raspiengeas, et on conclue mardi 1er mars avec Louis-Lumière et Bovines, en présence d’Emmanuel Gras.
Assistant de Pasolini (sur Accattone) et scénariste pour Leone (Il Etait une Fois dans l’Ouest), Bernardo Bertolucci est le dernier survivant de l’âge d’or du cinéma italien. En 1964, il réalise son deuxième film, Prima della Rivoluzione, présenté et ovationné à Cannes. Ambigüité sexuelle et engagement politique sont les deux mamelles de ce jeune bourgeois de Parme qui, comme le promet le titre, annonce les révolutions à venir. Jeudi, le critique René Marx, forcément armé pour parler de révolution, viendra nous présenter ce film rouge toutes en subtiles nuances de gris, et nous accompagnera au cocktail à suivre.
Avant la sortie très attendu du Revenant, promis à une pluie d’Oscar, le Ciné-Club Positif de mardi 23 vous propose de revoir Babel, d’Alejandro Gonzalez Inarritu, l’un des plus brillant cinéastes de sa génération. Babel est un étrange film choral dont les personnages, chacun dans sa langue, son monde et son histoire, ne sont reliés que par une vieille pétoire. Emmanuel Raspiengeas, jeune rédacteur à la revue, viendra nous éclairer sur ce film fascinant et déroutant.
Un Ciné-Club Louis Lumière viendra clore cette quinzaine mardi 1er mars. L’occasion de donner la parole à Emmanuel Gras, chef opérateur et réalisateur de ses documentaires. Nous verrons le dernier, Bovines, où il a posé sa caméra dans un pâturage pour regarder la Vraie Vie des Vaches, sous-titre de son film. Une soirée vachement prometteuse.
Un film des frères Coen est toujours attendu. Les duettistes nous ont habitués à du très haut niveau et, une fois encore, ils sont au rendez-vous avec Ave César ! Dans un studio du Hollywood mythique, l’on tourne plusieurs films en même temps : féérie aquatique (avec Scarlett Johansson), peplum (starring George Clooney), drame psychologique (réalisé par Ralph Fiennes), comédie musicale (avec Channing Tatum). Mais la vraie vedette d’Ave César ! c’est Eddie Mannix, le fixer chargé, par la persuasion, le chantage, la douceur ou la force, de faire en sorte que les stars tiennent leur rôle sans que rien ne vienne les perturber. Un vrai plein temps car, entre susceptibilités mal placées, problèmes avec la police, enfants illégitimes, photos coquines qui trainent, Mannix a fort à régler. D’autant que l’enlèvement de la plus grande star du studio par un mystérieux commando n’arrange pas ses affaires. La caméra des Coen virevolte d’un plateau à l’autre, d’une histoire à la suivante, d’un scandale potentiel au prochain clash à venir, en suivant une journée de Eddie Mannix, impeccablement incarné par Josh Brolin. Comédie délirante incroyablement rythmée, mais aussi hommage au cinéma et à tous ses genres que les frères explorent avec bonheur et sens aigu du détail, Ave César est un petit bijou avec un goût de madeleine.
Plus cérébral et conçu comme un opéra en trois actes, Steve Jobs dresse un portrait de cet inventeur de notre quotidien en le suivant dans les coulisses de trois moments forts, qui permettent de dessiner en creux l’ensemble de sa vie. Danny Boyle s’est attelé, avec une sobriété qu’on ne lui connaissait pas, à mettre en scène le scénario brillant d’Aaron Sorkin. Michael Fassbender, qui incarne le charismatique et tortueux patron d’Apple, est absolument bluffant et Kate Winslet est très juste dans le rôle de la fidèle assistante.
Également au programme, la pure terreur culte de The Thing, cauchemar glacial et glaçant de John Carpenter, qui ressort en salle pour la première fois depuis 1982. Et si vraiment vous ne voulez plus dormir, le Cycle John Carpenter est fait pour vous. Entre le brouillard de Fog, Christine la voiture hantée, la prison de New-York 1997, l’étrange Starman venu des étoiles et Prince des Ténèbres venu de l’enfer, il y a de quoi être terrifié pour plusieurs nuits.
Avant de conclure avec l’Enfance de l’Art et sa sélection de courts métrages de l’inusable et imperturbable Buster Keaton, signalons que The Big Short, d’Adam McKay et Le Pont des Espions, de Steven Spielberg, sont toujours à l’affiche.
Rendez-vous début mars.
Isabelle Gibbal-Hardy
et l’équipe du Grand Action.