Anora !
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Nous sommes particulièrement fiers de vous présenter la Palme d’Or cannoise, Anora. Très attendue, cette effrénée histoire d’amour de la jeunesse est joyeusement savoureuse. Elle est accompagnée du cycle Sean Baker, les oubliés de l’Amérique. Penchons-nous pour commencer sur les événements de la semaine.
Le 30 octobre 1974, le tonitruant promoteur Don King organisait un championnat du monde des poids lourds pour la première fois en Afrique, dans le Zaïre de Mobutu. A droite, Georges Foreman, jeune espoir de la boxe ; à gauche, Mohamed Ali, déjà légende de son art et combattant des droits civiques. Un moment de folie politique, sportive, musicale, artistique, populaire, immortalisé par Leon Gast dans When we were kings. Mercredi à 20h30, Jean-Philippe Lustyk, journaliste spécialiste de boxe, viendra nous présenter la ressortie de cet inoubliable documentaire. « Ali boma yé ! »
La huitième édition du Smells Like Teen Spirit Festival s’ouvrira jeudi à 20h avec un inédit fantastique de Jane Schoenbrun, I Saw the TV Glow, que l’on pourra poursuivre lors d’une soirée Halloween au Petit Bain. Vendredi à 16h30, on verra des courts-métrages de Diogo Baldaia, en sa présence, avant d’enchaîner à 19h avec Over the Edge, de Jonathan Kaplan, et de conclure à 21h15 par River’s Edge, de Tim Hunter, avec l’une des premières apparitions de Keanu Reeves ; samedi d’autres « premières fois » (celle de Reese Witherspoon dans Un Été en Louisiane, ou de Laura Dern dans Smooth Talk), et Guillaume Brac qui viendra nous présenter en avant-première Ce n’est qu’un au revoir ; dimanche une carte blanche à la réalisatrice Louise Condemi (présentant Les Beaux gosses et Eighth Grade), la Compétition courts-métrages en présence des équipes des films, et une chouette soirée de clôture lundi soir avec l’avant-première de Noël à Miller’s point, le nouveau Tyler Taormina.
Mardi à 20h, le Ciné-club des Ecoles nous propose le très beau La Forêt de Mogari, de Naomi Kawase, projeté en 35mm et suivi d’un débat. La poésie coutumière de la réalisatrice se déploie sensuellement dans cette forêt protectrice.
Le cycle Sean Baker, les oubliés de l’Amérique vous a permis de découvrir les premiers pas – très prometteurs – de ce cinéaste fasciné par la marge et les petites gens. Depuis, Sean a grimpé pas mal de marches, y compris celles du Palais des Festival cannois pour aller, en mai dernier, chercher sa Palme d’Or. Anora est une jeune stripteaseuse de Brooklyn qui fait du pole dance, et plus si affinités… Elle en trouve avec Ivan, fils d’un oligarque russe, gosse de riche aussi charmant qu’inconséquent, qui a la lumineuse idée d’épouser sa belle. Mais ces noces incongrues ne plaisent pas beaucoup aux parents, qui reviennent précipitamment de Russie pour les faire annuler… De cette histoire cendrillonesque, Baker fait une comédie noire et déjantée qui parle de notre époque. Mickey Madison est parfaite en « pretty woman 2024 », et Mark Eydelshteyn, qui parle aussi mal anglais dans la réalité que dans la fiction, trouve là le rôle qui devrait le révéler. Un pur régal vibrionnant.
Nous vous rappelons nos récentes sorties : Coconut Head Generation, passionnant documentaire engagé d’Alain Kassanda, le libérateur et oppressant Un Amor d’Isabel Coixet, ou La Noire de…, un Ousmane Sembène de 1966 et concluons avec l’Enfance de l’Art. Deux séances cette semaine : Panique tout courts mercredi à 10h30, et Le Parfum de la carotte jeudi à 10h30.
Excellente semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action