Amitiés singulières.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
La fin de l’année permet de fêter l’amitié qui, comme l’amour, est un beau sujet de cinéma. Nos deux sorties pour conclure 2022 célèbrent deux amitiés singulières : une qui nait, Ma Vache et Moi, un Buster Keaton magnifiquement restauré, et une qui s’éteint, Les Banshees d’Inisherin, le dernier Martin McDonagh, tous deux accompagnés de cycles consacrés à leur réalisateur. D’autres films, comme Falcon Lake, Armageddon Time ou Ariaferma, toujours à l’affiche, dépeignent aussi la complexité des relations amicales. Et les quelques ciné-clubs qui éclaireront le début janvier permettront à nos spectateurs de partager des moments d’échange en se souhaitant la bonne année. Commençons par eux et, attention, ils s’étagent sur 15 jours et débutent le 3 janvier.
A 20h, en ce premier mardi de l’année, le Club Positif célèbrera Jean-Louis Trintignant que nous verrons dans Le Conformiste de Bernardo Bertolucci. Dans l’Italie des années 30, il adhère au fascisme mussolinien pour se fondre dans la norme et oublier le passé. Fabien Baumann, rédacteur de la revue, décryptera ce film fascinant.
Dimanche 8 janvier, le GrecDoc ouvrira sa saison 2023 avec Far.Go.Bots, d’Angelos Tsaousis. Pendant 7 ans, le réalisateur a filmé les gamins Roms d’un centre de protection de Thessalonique, et leur intégration à la société grecque. Une belle leçon de cassage d’idées reçues.
Deux jours plus tard, mardi 10 à 19h30, c’est au tour du Ciné-club Louis Lumière de retrouver sa place dans nos salles. Il le fait avec Mustang, où Deniz Gamze Ergüven filme avec talent et sensibilité cinq sœurs en quête de liberté dans une Turquie engoncée dans son archaïsme patriarcal. Olivier Goinard, mixeur, et Damien Guillaume, monteur son, nous raconterons leur travail sur cette pépite de 2015, couronnées de nombreux prix et de 4 César.
Quand on n’aime plus la personne dont on partage la vie, on la quitte. On vous concède que ce n’est pas forcément simple. Mais que faire quand on n’aime plus son ami de toujours ? Surtout quand on vit sur une île irlandaise isolée en 1923, et que les distractions se résument à la fréquentation du pub. Voilà l’étrange dilemme de Colm (Brendan Gleeson), ours musicien, qui ne veux plus voir Pádraic (Colin Farrell), gentil gars sans génie. Ils sont les héros des Banshees d’Inisherin. Dans son dernier film, un cycle vous permet de voir les précédents, Martin McDonagh poursuit sa veine décalée avec ce drôle de buddy movie. Tandis que, non loin du chaleureux pub où se retrouve toute l’île, tonnent les derniers feux d’une des guerres d’Irlande, un impitoyable conflit oppose les deux protagonistes. Si Gleeson est, comme d’habitude impressionnant, on est surtout bluffé par l’interprétation de Farrell. Il fait preuve d’une profondeur qu’on ne lui connaissait pas et que remarqua la Mostra de Venise en lui remettant la Coupe Volpi 2022 du meilleur acteur. Les Banshees d’Inisherin y reçut aussi le Prix du scénario et fait figure de favori aux Golden Globes. Autour des deux ex-amis, gravite un petit monde étonnant, attachant ou répugnant. Dans les paysages sublimes de cette Irlande éternelle et légendaire rode aussi une Banshee, figure de la mythologie locale.
Si Colm et Pádraic se déchirent, Buster Keaton trouve une vraie amie dans l’ouest sauvage. Ma Vache et Moi s’inclue dans l’âge d’or de Keaton, entre 1920 et 1930, dont d’autres bijoux sont au programme du cycle que nous lui consacrons. Devenu cowboy très approximatif, il s’attache à un bovin promis à l’abattoir. Ce film drôle et touchant d’une heure a été superbement restauré par la prestigieuse cinémathèque de Bologne.
Toute l’équipe du Grand Action vous souhaite de passer d’excellents moments festifs, dans et hors du cinéma, et notre prochaine lettre du 10 janvier vous souhaitera la bonne année.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action