Allo Huston ? Ici, Garrel.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Car oui, voilà donc un festival consacré au grand John pour annoncer la sortie, la semaine prochaine, de son adaptation de Moby Dick, le chef d’œuvre baleinier d’Herman Melville. Et puis Garrel, qui continue avec son Eté Brûlant, à régaler les cinéphiles exigeants. Ceux là même se retrouveront mardi 18 à 20h pour une rencontre exceptionnelle organisée par le Ciné-Club Positif. Ce soir là, madame Anouk Aimée viendra débattre à la suite de la projection de Montparnasse 19, l’avant dernier film de Jacques Becker, et l’une des dernières apparitions à l’écran de Gérard Philipe. Nul doute que l’émotion sera au rendez-vous. Quant au reste de notre programme, il tire les derniers feux de nos récents cycles, à savoir celui consacré aux Noirs dans le Cinéma Américain, l’autre sur le triptyque Photo, Mode et Cinéma.
Mardi soir donc, le Ciné-Club Positif nous invite à voir Montparnasse 19, réalisé en 1958 par Jacques Becker. Dans ce touchant mélodrame, il évoque le quartier de Montparnasse à la belle époque, celle où l’on rencontrait plus d’artistes que de marchands. Gérard Philipe incarne Modigliani dans ses dernières années, qui ne furent pas que roses. A ses côtés, Lino Ventura, Judith Magre, Léa Padovani et Anouk Aimée, qui a tourné et tourne toujours pour les plus grands (Fellini, Franju, Cukor, Kaurismäki, entre autres), et fut, avec Trintignant, un Homme et une Femme, chabadabada. Anouk Aimée nous fait l’immense plaisir de venir mardi soir nous raconter ce tournage, et les moments passés aux côtés de Gérard Philipe, dans un débat mené par Olivier Curchod. A ne pas manquer.
La semaine prochaine, sera ouverte la chasse à la baleine. Pas n’importe laquelle : la blanche que poursuit inlassablement le Capitaine Achab, incarné par Gregory Peck dans l’adaptation de John Huston. Comme nous n’aimons pas ressortir un film sur copie neuve sans le mettre dans le jus de l’auteur, nous vous avons concocté un petit cycle afin de réviser vos grands Huston. Sur ses quelque cinquante réalisations, nous n’en avons sélectionné que sept, mais d’autres suivront dans les semaines à venir. Sept, mais pas des moindres puisque d’abord il y a The Misfits, dernier film de Marilyn dont le tournage fut cauchemardesque, Quand la Ville Dort, génial polar devenu culte sous son titre original The Asphalt Jungle, Le Vent de la Plaine, épique western avec Burt Lancaster et Audrey Hepburn, L’Amour n’est pas un Jeu (In This Our Life), le second film noir de Huston après le carton absolu du Faucon Maltais, Reflets dans un Œil d’Or, l’un des plus beaux mélos jamais réalisés, L’Homme qui Voulut Etre Roi, grande fresque avec Sean Connery, et Gens de Dublin, magnifique adaptation de Joyce, une œuvre testamentaire qui sera le dernier film de Huston et dont le titre original est – étrange prémonition – The Dead.
Philippe Garrel règne toujours en maître sur notre programme grâce à son dernier film : un Eté Brûlant. Garrel mêle l’intime à la révolution, l’art à la politique et le cinéma à la famille (Louis, son fils, a le rôle principal, et Maurice, son père, y apparaît pour la dernière fois). Sous le soleil de Rome, il fait graviter le monde autour de la brûlante Monica Bellucci, sublime en Bardot brune.
On profitera aussi de cette semaine, leur dernière sur nos écrans, pour voir les films de nos cycles de septembre. Celui consacré aux Noirs dans le Cinéma Américain célèbre la musique : des gospels avec Hallelujah, de Vidor, au hip-hop dans Boyz’n’ the Hood, de John Singleton, en passant par le son du sud (Mystery Train, de Jim Jarmush), le jazz (Ray, de Taylor Hackford et The Last of the Blue Devils, de Bruce Ricker) et le funk seventies de Black Dynamite, de Scott Sanders.
Dernières projections également pour le festival Photo Mode et Cinéma, où documentaires et fictions se répondent. Dans la première catégorie, Images de Femmes ou le Corset Social, de Jean-François Ferrillon, Lagerfeld Confidentiel, de Rodolphe Marconi, The September Issue, de R.J. Cutler et Yves Saint-Laurent Pierre Bergé, l’Amour Fou, de Pierre Thoretton. Parmi les fictions, le délirant Zoolander de et avec Ben Stiller, les cruelles Larmes Amères de Petra Von Kant, de Fassbinder, et Blow Up, perfection cinématographique signée Antonioni.
Pour finir, signalons Deep End, la ruée vers Londres de Skolimowski, et La Ruée vers L’Or, de Chaplin, choisie par l’Enfance de l’Art.
Belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action