Abel Ferrara au Grand Action.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Après Scorsese, dont le festival et le féérique Hugo Cabret sont toujours à l’affiche, voici venir Abel Ferrara. Il sera en personne au Grand Action, vendredi à 20h, accompagné de Shanyn Leigh, pour nous présenter Go Go Tales, tourné en 2007 mais inédit en France. Cet échange avec le réalisateur et son actrice se prolongera après la projection autour d’un verre au Grand Bar. Outre ce film presque joyeux où les danseuses du Paradise menacent de se mettre en grève, Abel viendra aussi le lendemain à 14h pour la projection de New Rose Hotel. Et puis, pour faire honneur à notre visiteur, nous programmons aussi bon nombre de ses films.
Mais cette prestigieuse présence ne doit pas en éclipser une autre, celle de Laurent Brunet, chef opérateur de I’m Josh Polonski’s Brother, signé Raphael Nadjari. Laurent Brunet, César de la Photographie en 2009 pour Séraphine, est l’invité du Ciné-Club Louis Lumière de ce mois-ci. Dans le film de Nadjari, il éclaire les bas-fonds de New York où un tailleur juif arrache à la prostitution une jeune femme qu’aimait son frère assassiné. Mardi soir, la projection de ce néo film noir se prolongera par un débat. A ne pas rater.
Voilà qui nous ramène à New York, à Scorsese et à Abel Ferrara, deux enfants des boroughs – le Queens, le Bronx – où bon nombre d’immigrés italiens trouvèrent asile. Malgré Al Capone et une certaine imagerie populaire, tous les Italos-Américains ne font pas partie de la mafia. Le gangstérisme et la violence urbaine constituent toutefois de fécondes sources d’inspiration pour les cinéastes issus de cette communauté : Scorsese, Coppola, Tarantino, et bien sûr Abel Ferrara, cinéaste de la noirceur, des villes comme des âmes.
Après quelques films expérimentaux tournés en Super8 (dira t-on jamais assez tout ce que ce regretté format amateur a apporté au cinéma ?), il se fait remarquer grâce à un petit film d’horreur qui lui offre l’opportunité de monter en gamme pour diriger l’Ange de la Vengeance en 1981. Dans cette œuvre où s’affirme sa patte – stylisation de la violence, puissance des symboles – il fait d’une jeune sourde-muette une victime et une meurtrière. Dans The King of New York, son premier grand succès, il offre un rôle de gangster halluciné et hallucinant à Christopher Walken, qui, avec Willem Dafoe et Harvey Keitel, fait partie de ses fidèles. C’est d’ailleurs Keitel qui sera le Bad Lieutenant, dont le titre résume assez bien l’errance tordue de ce flic ripou, pervers et cocaïné. Ferrara enchaîne avec Body Snatchers, nouvelle adaptation du livre fantastique de Jack Finney et donc remake du célèbre Don Siegel de 1956. Abel réunit quelques années plus tard Dafoe et Walken pour donner la réplique à Asia Argento, prostituée du New Rose Hotel qu’ils chargent de corrompre un scientifique. Avez-vous bien noté que Ferrara viendra présenter ce film samedi à 14h ? Il sera déjà venu la veille, avec sa comédienne, Shanyn Leigh, pour l’avant-première de Go Go Tales, une plongée dans les coulisses d’un cabaret de strip tease. Entre ces deux films, Ferrara a aussi réalisé Christmas, un conte de Noël à sa sauce, où des dealers doivent fêter l’enfant Jésus sur une montagne de dollars, et Mary, un film étrange et personnel où notre Binoche nationale plonge dans le rôle d’une Marie-Madeleine.
Laissant sa place au vénéneux Abel Ferrara, notre bon vieux Martin a vu son festival un peu réduit. Plus que 6 films, dont le contemplatif Kundun, les fiévreux Infiltrés, la folie d’Aviator, la furie des Gangs of New York, la musique de The Last Waltz et la culpabilité de A Tombeau Ouvert. Tous ces films accompagnent le succès de Hugo Cabret, où, d’un seul et merveilleux geste en relief, Scorsese rend hommage au cinéma, à Méliès et au Paris des années 30.
Un dernier mot pour l’inusable Deep End, de Skolimowski, et l’Enfance de l’Art qui fait un détour par l’animation japonaise de Keiichi Hara et son Colorful.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action