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L'Édito

Le retour du père Nosferatu.

L'Édito

Le retour du père Nosferatu.

Chères spectatrices, chers spectateurs, 

C’est donc un père Noël un peu particulier (et aux grandes dents) qui débarque au Grand Action pour le 25 décembre : Nosferatu, dans la version de Robert Eggers, va faire souffler un vent glacial dans nos salles. Pour passer des fêtes moins terrifiantes, toutes nos récentes sorties conservent l’affiche : Oh, Canada, film bouleversant de Paul Schrader, d’après le roman testamentaire de Russel Banks, ou dans un genre plus léger, Noël à Miller’s point, bondissante comédie chorale et familiale, accompagnée d’un cycle Tyler Taormina. Vous pourrez aussi embarquer dans le taxi-vérité de Daddio de Christy Hall, ou pour une virée queer avec Les Reines du drame, d’Alexis Langlois.  

Nosferatu est né d’un problème de droit ; lorsqu’il voulut, en 1922, porter à l’écran Dracula, roman phare de la littérature d’horreur publié en 1897 par Bram Stoker, Murnau ne put obtenir l’autorisation d’utiliser le nom du personnage. Il en inventa un, qui depuis s’est fait le sien ; Herzog l’a repris, alors que Coppola a appelé Dracula sa vision du vampire des Carpates. Robert Eggers a choisi d’intituler Nosferatu son quatrième long-métrage – et son meilleur, disent déjà certains. Pour donner corps et sang à son film, le jeune prodige de l’ »elevated-horror » (façon un peu pédante de qualifier le « cinéma d’horreur d’auteur ») convoque la délicate Lily-Rose Depp, convoitée par Bill Skarsgård dans le rôle du terrifiant comte Orlok. Habitué des frasques eggersiennes, Willem Dafoe complète le casting, et signalons pour l’anecdote qu’il avait lui-même revêtu les oripeaux du comte Orlok dans L’ombre du vampire, de E. Elias Merhige. Avec respect pour ses aînés, mais sans déférence et en ajoutant sa patte, Eggers crée une image naturaliste teintée d’expressionnisme. Il se plait aussi à travailler son obsession pour la reconstitution historique, et à éclairer une séquence totalement à la bougie, ce que l’on avait pu vu depuis Barry Lyndon. L’atmosphère unique de ce vibrionnant film gothique plein de sensualité devrait vous provoquer de réjouissants cauchemars. 

Oh Canada, le dernier Paul Schrader adapté du roman testamentaire de son ami Russel Banks décédé en 2023, garde évidemment l’affiche. Richard Gere incarne un réalisateur au bout du chemin, auquel Jacob Elordi donne corps pour les séquences de jeunesse des années 60. L’homme, malade, affaibli, presque mourant, accepte de se confier à la caméra d’un de ses anciens étudiants pour tenter de dire sa vérité, au-delà de ses mensonges, de ses trahisons et de ses lâchetés. Sous l’œil bienveillant, mais un peu inquiet de sa dernière femme, la sublime Uma Thurman, il fait le bilan d’une vie moins brillante que ce que l’on en pensait. Un touchant portrait crépusculaire en forme de puzzle. 

Carrément de saison, Noël à Miller’s point donne une tonalité plus légère à cette fin d’année. Tyler Taormina s’inspire de son vécu pour nous inviter au Noël d’une famille italo-américaine pleine de fortes personnalités. On s’amuse, on se chamaille, on se moque, on rigole, et on s’évade avec les plus jeunes de la bande pour une virée dans tous les sens. Le cycle Tyler Taormina (Happer’s Comet et Ham on Rye) donne l’occasion de mesurer le talent émergent de ce prometteur réalisateur. 

Retrouvez en fin de lettre nos autres propositions cinématographique de la semaine, n’oubliez pas les deux séances de l’Enfance de l’Art (jeudi à 10h30, Le Noël de petit lièvre brun, et dimanche à 14h, Le Géant de fer), et surtout, passez d’excellentes fêtes de Noël.  

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action