A la source de River.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
River Phoenix, fulgurant archange du cinéma qui finit par couler dans les drogues et un caniveau de Los Angeles, partage, avec Keanu Reeves, l’affiche de My Own Private Idaho. La réédition de cette fable destroy où Gus Van Sant filme les nuages et les vies à la dérive, a été le prétexte pour remonter aux sources de la carrière de ce James Dean grunge. Si, dans My Own Private Idaho, River interprète un toxico gay des bas-fonds de Portland, il avait débuté sous des dehors moins trash. Dès 12 ans, le jeune River, issu d’une famille d’artistes bohèmes et frère, entre autres, de Joaquin, apparaît dans des séries télévisées. Son charisme et la pureté de son visage encore poupin lui valent d’être repéré par Joe Dante. Après le planétaire succès de Gremlins, Dante cherchait en 1985 un ado pour interpréter, aux côtés d’Ethan Hawke (un autre débutant qui depuis a fait du chemin), des fans d’extraterrestres qui entreprennent de construire un vaisseau spatial. Si ces Explorers ne rencontrèrent qu’un accueil mitigé du public, ils contribuèrent à faire connaître le jeune River, que Rob Reiner engageait l’année suivante pour Stand by Me. Touche à tout de talent, capable de réaliser des faux documentaires (Spinal Tap), des comédies déjantées (The Princess Bride) ou sentimentales (Quand Harry Rencontre Sally), Reiner signait là un film initiatique où une bande de garçons – parmi lesquels River – suivent les rails pour retrouver un enfant disparu. Le jeune Phoenix enchaîna les rôles et trouva l’un de ses plus émouvants dans Running on Empty (A bout de Course) de Sidney Lumet. Alors qu’il avait 18 ans et quelques excès derrière lui, il conservait la fraîcheur adolescente nécessaire pour interpréter le jeune fils d’un couple recherché par le FBI, contraint à la fuite et la dissimulation. Très demandé et résolument « bankable », il tournait avec les plus grands (Spielberg, Kasdan, Van Sant) et tenait la dragée haute au casting prestigieux des Experts (Sneakers). Dans ce polar efficace signé en 1992 par Phil Alden Robinson, il côtoyait Robert Redford, Dan Aykroyd, Sidney Poitier et Ben Kingsley. Il lui restait alors un an à vivre et quatre films à tourner.
Nos autres séances voient la fin de partie pour nos deux grands films de l’été. Dernières séances pour les Inglourious Basterds, les chasseurs de nazis déjantés de Quentin Tarantino, et les jeunes filles évanescentes et évanouies du Pique-Nique à Hanging Rock de Peter Weir. Comme nous en sommes aux succès estivaux, nous vous proposons deux cessions de rattrapage (mercredi, samedi et dimanche) pour Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé, sixième volet de la saga du magicien binoclard, sorti en juillet.
Toujours à destination du jeune public, l’Enfance de l’Art nous convie à un « best of » Laurel et Hardy, mémorable duo du cinéma, dont le talent, pourtant immense, a souvent été galvaudé. Belle occasion de voir ou revoir ces classiques où les gags s’enchaînent avec la même précision que les secondes sur une montre suisse.
La semaine prochaine, deux festivals : toujours River Forever et un deuxième consacré à l’homosexualité au cinéma. Le thème est fort riche et nous allons tenter de choisir les meilleurs œuvres. Mais n’hésitez pas à passer au bar – ouvert mercredi et samedi – si vous avez des demandes à formuler.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action