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L'Édito

Il est bien peu de monstres qui méritent la peur que nous en avons.

L'Édito

Il est bien peu de monstres qui méritent la peur que nous en avons.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Si cette phrase d’André Gide, extraite des Nouvelles Nourritures, ouvre cette lettre, c’est pour annoncer Freaks et les monstres du cirque Barnum. Cette réédition sur copie neuve mérite bien deux soirées spéciales ; la première samedi avec  la présentation du livre de Boris Henry sur ce film culte de 1932. Pour la seconde de lundi, c’est le réalisateur qui sera à l’honneur avec la projection de Tod Browning, le Jeu des Illusions, documentaire d’Alain Mazars, que nous verrons en sa présence et celle de son producteur. Autre événement, le Ciné-Club Univers Divergent de mercredi 20h avec, non des monstres, mais des fantômes. La projection du film Oncle Boonmee, d’Apichatpong Weerasethakhul, sera suivie d’un débat avec  Jean-Michel Frodon et François Taddei . Enfin, grand moment mardi soir, avec la conférence d’un créateur de monstres. Après la séance de Close Encounter with Vilmos Zsigmond, documentaire que notre ami Pierre Filmon a consacré à ce grand chef-opérateur, Douglas Trumbull, génie des effets spéciaux (Rencontres du Troisième Type, entre autres) nous livrera tous les secrets de son métier. Enfin, peut-être pas tous…  Par ailleurs, nos deux Preminger, Laura et la Rivière Sans Retour, gardent l’affiche, tout comme La Mélodie du Bonheur précédée de son traditionnel goûter. Une nouveauté : deux fois Taxi Driver restauré, pour fêter les 40 ans du crochet au foie de Scorsese.

Respectons l’ordre chronologique avec, mercredi 20h, le dernier Ciné-Club Univers Divergent de la saison. Pour faire dialoguer science et cinéma, Frodon le critique et Taddei le biologiste, vont s’appuyer sur Oncle Boonmee, où Apichatpong Weerasethakhul  plonge dans la fantasmagorie asiatique pour évoquer les vies antérieures de son héros, dont la mort approche. Cette magnifique réflexion métaphysique Thaïlandaise a été couronnée de la Palme d’Or en 2010.

L’on avait oublié que Tod Browning s’était inspiré d’une nouvelle de Tod Robbins pour Freaks, ce film incroyable interprété par de véritables monstres de foire (sœurs siamoises, homme tronc, nains…) que nous sommes heureux de ressortir sur copie neuve afin de permettre à une nouvelle génération de le découvrir. Pour aller plus loin, nous avons, samedi soir, invité Boris Henry, auteur de Freaks, de la Nouvelle au Film, incluant la première traduction française de l’ouvrage, et une fine analyse comparative entre texte et film. Boris présentera la séance et signera son livre.
Lundi soir, nous recevrons Alain Mazars et Jean-Fabrice Barnault, réalisateur et producteur de Tod Browning, le Jeu des Illusions. Ce  documentaire sur l’étrange destin du cinéaste sera projeté après Freaks et lancera le débat à suivre.

2001, Star Trek, Blade Runner ou plus récemment The Tree of Live portent la signature d’un grand metteur en scène ; mais ces films doivent aussi beaucoup a celui qui a créé leur univers visuel. Réalisateur, producteur et scénariste, Douglas Trumbull est d’abord un génie des effets spéciaux. Ayant travaillé avec le Directeur de la Photo que Pierre Filmon a longuement filmé juste avant son décès début 2016, Douglas viendra, après la séance de mardi 20h30 de Close Encounter with Vilmos Zsigmond animer une sorte de master class afin d’expliquer son rôle sur un film. Une intervention qui s’annonce passionnante et devrait ravir cinéphiles et étudiants en cinéma.

En 1976, le Festival de Cannes récompensait un film majeur et lançait la carrière d’un auteur et son acteur. De Niro est inoubliable en Taxi Driver, et Scorsese a depuis confirmé son immense talent. 40 ans plus tard, c’est toujours énorme d’arpenter les rues de New York avec Travis, le chauffeur qui voulait trouver un sens à sa vie. Surtout sur copie neuve. Elles sont neuves aussi les copies des deux Preminger, celle de Laura, qui retrouve son noir et blanc très noir, celle de la Rivière Sans Retour, qui éclate en technicolor comme les boutons de la chemise de Marylin, et tout comme celle de La Mélodie du Bonheur tyrolienne de Robert Wise.

Dernier mot pour l’Enfance de l’Art et la chouette fable animée de La Tortue Rouge, du Belge Michael Dudok de Wit, projetée mercredi et dimanche après-midi.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du GA.