Les différences.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Qu’elles soient générationnelles, sociales, ethniques ou religieuses, les différences constituent un excellent ressort dramaturgique. Todd Haynes exploite avec brio un formidable premier scénario de Samy Burch dans May December, notre sortie de la semaine. Toutes les séances de 20h45 seront précédées d’I was still there when you left me, de Marie Mc Court, Prix Contis/Grand Action 2020. Si vous retrouvez par ailleurs tous nos films récents (Priscilla, Mon nom est personne, le cycle Todd Haynes…), ne ratez pas le ciné-club Image & Parole, ni la sélection Songes et Amours d’été, proposée par Merci le court.
Vendredi à 20h, l’universitaire Carlos Tello a invité un jeune confrère, Barnabé Sauvage, doctorant en recherche sur le « cinéma de poésie ». Lors du ciné-club Image & Parole, ils débattront à l’issue du curieux film d’animation d’Ari Folman, Le Congrès, où il est question d’une actrice, Robin Wright, qui accepte de ne pas vieillir en se faisant modéliser.
L’audace capillaire et l’énergie d’Adrio Guarino font partie de la vie du Grand Action. Fraîchement diplômé de la FEMIS, ce jeune producteur/distributeur développe tout un tas de projets, dont un très chouette festival de courts métrages Merci le court #2. Samedi à 17h15, pour ce deuxième opus sur le thème des Songes et Amours d’été, Adrio a invité les équipes d’Achraf Ajraoui (La Sirène se marie), d’Élise Levy (Minuit sur MSN), de Bianca Sescu et Jeremy Pires (Le corps du Roi) et de Gray Orsatelli (Une nuit d’été) à venir présenter leur film. C’est toujours un plaisir que nous prolongerons autour d’un verre au Grand Bar.
Réinterpréter le temps qui passe d’un côté et les amours de jeunesse de l’autre, voilà d’excellentes transitions vers May December, le dernier Todd Haynes, qui sort cette semaine accompagné d’un cycle pour réviser la brillante filmographie de ce réalisateur important. Car le scénario, pervers et tordu (ce sont des compliments) signé par Samy Burch, met en scène une différence d’âge – c’est le sens du titre, expression proche du « l’un en été, l’autre en hiver » français -, qui va permettre à d’autres oppositions de se manifester. Natalie Portman, également productrice de May December, incarne Elizabeth, une actrice ambitieuse et suave, qui doit endosser le rôle de Gracie, alias Julianne Moore, toujours épatante. Une vingtaine d’années plus tôt, cette dernière avait défrayé la chronique en ayant une liaison avec Joe alors âgé de 13 ans. Scandale, procès et prison pour Gracie, qui vit aujourd’hui heureuse avec son toujours jeune mari dont elle a trois enfants. Afin de préparer son interprétation, Elizabeth rencontre son modèle et sa famille pour tenter de cerner le personnage, mettant en jeu un drôle de mécanisme. Vous imaginez ce que Todd Haynes (rappel, il y a un cycle) peut faire d’un tel sujet ! Pour mener son projet, il s’est entouré de prestigieux collaborateurs : Christopher Blauvelt, chef op notamment de Kelly Reichardt, Affonso Gonçalves, son monteur attitré, ainsi que Sam Lisenco et April Napier, deux grands noms du ciné indé ++, respectivement aux décors et aux costumes ; il a aussi fait retravailler un thème musical de Michel Legrand par Marcelo Zarvos. Bref, un grand film, différent, dérangeant et profond.
Vous connaissez notre fidélité aux films : vous retrouverez les huit récentes sorties qui illuminèrent nos dernières semaines (voir plus bas). Mercredi prochain, nous vous présenterons La Zone d’intérêt, le nouveau film de Jonathan Glazer que vous avez peut-être vu en avant-première (désolé si vous n’avez pas pu rentrer, il y avait beaucoup de monde et on ne peut indéfiniment pousser les murs…). On en reparlera. En attendant, les dernières lignes pour L’Enfance de l’Art. Mercredi à 14h30, elle nous régalera avec l’inépuisable talent de Chaplin et trois courts du Charlot Festival, et dimanche à 14h, nous emmènera pour de palpitantes aventures lupines du Peuple loup, animées par Tomm Moore et Ross Stewart.
Belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action