Douze hommes en colère et des milliers de spectateurs heureux.
Chères spectatrices, chers spectateurs, Depuis vendredi dernier, le Grand Action accepte la carte UGC et accueille ses détenteurs. Voilà de quoi faire des milliers d’heureux qui pourront, par exemple, aller voir Douze Hommes en Colère (Twelve Angry Men), l’un des plus célèbres films du cinéma mondial. Pourtant, ce huis-clos, sans le génie de Sidney Lumet, alors tout jeune réalisateur de 33 ans, aurait pu ressembler à du théâtre filmé : dans l’arrière-salle d’un tribunal, 12 jurés doivent se prononcer sur la culpabilité d’un jeune accusé que tout accable. Onze d’entre eux veulent l’envoyer vers la peine capitale ; un seul croit à son innocence – ou du moins doute de sa culpabilité – et refuse de participer à une possible erreur judiciaire. Par son éloquence, son intelligence et sa ferveur, il retournera un à un les autres jurés, représentant chacun un pan de la société. Henri Fonda avait été captivé par la pièce de Reginald Rose et avait voulu en faire un film. Il fit le bon choix en proposant à Lumet, un réalisateur de télévision inconnu, de tenir la caméra. Lumet, par le brio de sa réalisation fit éclater son talent, et Fonda trouva là l’un de ses meilleurs rôles. On en est captivé de bout en bout par cette magnifique étude humaine filmée avec une rare subtilité psychologique, et en évitant toute lourdeur. Et l’on en sort bouleversé.
Toujours à l’affiche cette semaine, Raisons d’Etat (The Good Shepherd), l’un des films de l’été, réalisé par le plus fameux acteur de sa génération : Robert De Niro. Fasciné par les sociétés secrètes, De Niro nous raconte en 2h47 de grand cinéma la naissance de l’organisation la plus mystérieuse du monde : la CIA. Au-delà de l’intérêt historique (la plupart des faits sont largement inspirés de la réalité des années 30 à 60), le réalisateur s’attache au parcours d’un membre de l’organisation pour qui le secret est une seconde nature. Pour incarner ce personnage obscur, De Niro a fait appel à Matt Damon, dont la carrière est un sans faute. Il est entouré d’une pléiade de stars – Angelina Jolie (très convaincante), John Turturo, William Hurt – sans oublier De Niro lui-même dans un petit rôle très réussi. Il y a quelque chose de scorsesien dans la réalisation de ce film, ses thèmes et les ressorts psychologiques des personnages ; ce n’est pas étonnant.
Mercredi à 14h, l’Enfance de l’Art nous proposera son film de la semaine : Le Cheval Venu de la Mer, un très beau conte de Mike Newell. Très bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy
L’équipe du Grand Action