Lumet et Hollywood.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Alors que le Festival de Cannes bat son plein, le Grand Action continue de vous proposer ses festivals de répertoire qui vous permettent de voir ou revoir certains des films qui ont écrit l’histoire du cinéma. Ainsi, notre cycle consacré à Sidney Lumet, avec A bout de course en vedette, est rejoint par un autre festival où, avec humour, cynisme et brio, Hollywood se regarde le nombril.
Le cinéma est un thème majeur du cinéma. Du caméraman burlesque de Buster Keaton au regard amoureux de Truffaut dans la Nuit Américaine en passant par le mythique Mépris de Godard, les cinéastes ont su s’inspirer de leur métier. Le royaume d’Hollywood, lorsqu’il ne broie pas ses sujets, en est évidemment un excellent. Notre festival Hollywood vu par Hollywood vous invite à rire, trembler ou danser avec des réalisateurs qui ont observé – et parfois détourné – la machine hollywoodienne. Robert Zemeckis fut scénariste de 1941, le plus déjanté des films de Spielberg, avant de réaliser quelques blockbusters (Forest Gump, Retour vers le Futur) et le jubilatoire Qui veut la Peau de Roger Rabbit, un délirant mélange de prises de vues et d’animation, qui s’amuse avec les codes du polar. Classique parmi les classiques et signé Joseph Mankiewicz, La Comtesse aux pieds nus fait revivre une comédienne décédée (Ava Gardner) par le souvenir de son metteur en scène (Humphrey Bogart). Tout aussi incontournable, dans le crépusculaire Sunset Boulevard, de Billy Wilder, le mort raconte son histoire. Dans un registre plus gai Chantons sous la Pluie, avec Stanley Donen et Gene Kelly qui font danser la salle, et partons vers The Party, où l’irrésistible Peter Sellers en immigré Indien met à sac à une fête de producteur devant la caméra de Black Edwards. Vincente Minnelli donne sa vision acide d’Hollywood, dans les Ensorcelés, porté par Kirk Douglas et Lana Turner. Tim Burton clôturera la semaine avec Ed Wood, hommage malicieux et personnel au « plus mauvais cinéaste de tous les temps » interprété par le fidèle Johnny Depp.
Tandis qu’Hollywood vu par Hollywood s’installe pour quelques semaines dans nos salles, Sidney Lumet poursuit son bonhomme de chemin, avec moins de films certes, mais tous à voir. A commencer par A bout de course, qui raconte la fuite sans but ni espoir de la famille Pope, d’ex-activistes poursuivis par le FBI. Ce film permit aussi de faire éclater le grand talent de River Phoenix, prématurément disparu. En 1957, c’était un acteur, Henri Fonda qui, en confiant la réalisation de Douze hommes en colère à un jeune metteur en scène de télévision, avait révéler le grand talent de Sidney Lumet. Ainsi lancé, Lumet ne s’est toujours pas arrêté et entame sa 52e année de carrière. Après avoir dirigé les plus grands acteurs, comme Al Pacino dans Un après-midi de chien et Serpico, ou Marlon Brando dans L’Homme à la Peau de Serpent, il a tourné Jugez moi coupable en 2006, 7h58 ce samedi-là en 2007, et vient de terminer son prochain film. Nous espérons vous le montrer l’année prochaine…
Terminons cette lettre avec nos traditionnelles séances de l’Enfance de l’Art, qui chaque jour de ce grand week-end à 14h, nous propose les chevaleresques aventures d’Ivanhoé, film très hollywoodien (on n’en sort pas) de Richard Thorpe.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action